Hypersensible: comment je me suis découverte à 35 ans

Hypersensible ou comment j’ai découvert cette (grande) part de moi ? Il y a quelques mois j’ai décidé de reprendre un travail intérieur. Autrement dit, d’aller refaire un tour chez le psy ! J’ai toujours aimé voyager dans tous les sens du terme. Pourtant, c’est quelque chose qui peut se vivre de manière très inconfortable ! Surtout quand on est hypersensible. Dans ces moments de réflexions profondes, tout est alors remis en question et rien n’est plus sûr du tout, voire même votre vie va voler en éclat en l’espace d’une cinquantaine de minutes…

Émotions et dimensions : l’enjeu hypersensible des 5 sens 

Je crois que ce qui est le plus difficile dans ce voyage là, ce sont les émotions. Cet espèce de yoyo ou de toboggan ou encore d’ascenseur qui peuvent nous emmener loin, très loin ! Soit dans les tréfonds sombres de notre existence ou alors, à l’opposé, dans la légèreté, la joie et l’excitation. L’émotion jette sur une page blanche des couleurs mais aussi des ombres, des reflets, bref de la dimension. Oui, de la dimension ! Pour moi, cela signifie que la lecture de mon quotidien se traduit par du relief. Je vois, je ressens, les couleurs, les textures, la consistances des choses et des êtres qui m’entourent. C’est comme si, je lisais entre les lignes et que rien n’était plat. Je voyais bien que les autres ne vivaient pas tout ça, pas à ce point, alors j’ai appris à contenir cette partie hypersensible. La vache, qu’est-ce que c’est dur !!!

Quand j’ai fait mon premier travail avec une psychologue, c’est comme si j’avais découvert une nouvelle dimension à ce que je vis. Toutes ces réflexions sont venues comme enrichir mon regard d’angles de vue différents, de réalités différentes. Du coup, la lecture de ma vie changeait au fil de ces changements de perspectives. Cela n’est pas simple à expliquer, mais c’est une expérience professionnelle extrêmement fatigante qui m’a révélée, telle une pellicule photosensible, cette profondeur qu’il existe en toute chose. Mon travail exigeait de moi beaucoup ; beaucoup de temps, beaucoup d’énergie, beaucoup de présence, beaucoup de dynamisme, beaucoup, beaucoup… Beaucoup trop ! Et c’est quand j’ai quitté mon travail, éreintée, que je me suis rendue compte que j’avais comme perdu des sensations sensorielles. Comme si mes 5 sens avaient été affectés par cette intensité de vie qui ne respectait pas le rythme de lecture que j’ai sur ma vie.

L’accélération, le mur et une prise de conscience

Quand tout s’accélère, on ne voit plus. Je me suis rendue compte que c’est comme si je devenais aveugle. Ainsi tout ce qui m’entoure me renvoie un manque de sens. Dans tous les sens du terme : sens de ma vie, est-ce que tout ce qui m’entoure fait du sens, m’apporte quelque chose, et un manque de sensations reliés directement à mes 5 sens. Je croyais que tout cela était dû à quelque chose de problématique chez moi. A tel point que mon entourage s’est mis à me demander si par hasard, je ne serais pas « inapte » au travail, « pas assez forte », « qu’il fallait quand même que je me fasse un peu violence, quoi »…

Je suis passée moi aussi par ces questions. Je me suis brûlée les ailes au travail et je me demandais qu’est-ce qui pouvait bien clocher chez moi ?! J’ai fini par me rendre compte de deux choses. La première c’est que ce qui motivait mon désir de travailler dans la santé était un désir qui ne m’appartenait pas totalement. Il s’inscrivait plutôt dans la continuité des désirs de mes parents. Ils ne m’ont jamais mis d’obligation sur ce type de travail mais les deux auraient souhaiter faire carrière dans la santé. La deuxième chose, c’est que je me suis rendue compte que ma perception du monde et ma façon d’être au monde n’était pas vraiment compatible.

Le monde dans lequel je vis : l’histoire que je me racontais

Ce monde construit de ma réalité, celle que je me suis construite, est un monde où il y a de la place pour tous. Où travailler dur peut t’amener à la réussite. Où être gentil est une force. Lorsque tu as besoin d’aide, les gens sont là. Tout le monde est profondément gentil à la base, et ce sont les chagrins, les éducations, l’environnement et les relations qui créent la méchanceté chez un individu. C’est un monde que l’on peut rendre meilleur avec de la bonne volonté : « quand on veut, on peut ». Devenir le héros de notre histoire est à la portée de tous, parce qu’on peut tous travailler sur nous. Et je vous passe le reste qui se trouve à la croisée des bisounours, des licornes et des cookies aux pépites trois chocolats.

Pour autant, ma vision du monde s’accompagnait d’une bonne dose d’envie de changer tout ça. J’étais consciente malgré tout que du coup les gentils déformés en ripoux existaient bel et bien, qu’il y avait beaucoup d’injustices, d’inégalités, d’iniquités même ! Je me souviendrais toujours le jour où ma psychologue m’a dit que la vie est injuste par nature. Le choc ! J’étais vraiment ébranlée de ça. Ensuite, c’est ma sage-femme qui m’a fait prendre conscience que ce n’est pas parce qu’on veut qu’on peut forcément. Il y a aussi eu mon école d’infirmière qui m’a appris que le travail ne voulait pas forcément dire récompense. Et ainsi de suite…

Hypersensible : entrevoir une nouvelle part du réel

Toutes ces prises de conscience (et elles sont loin d’être toutes là) plus ou moins récentes, m’ont fait mal. Mais finalement, elles ont toutes concourues à deux choses : ça m’a permis de mieux comprendre les autres et le monde dans lequel nous vivons. Et d’un autre côté, de prendre du recul sur le fait que je n’arrivais pas à trouver ma place. Mieux comprendre les autres, ça signifie que toutes les attentes, toutes mes incompréhensions, tout ce qui était pour moi difficile à saisir, s’est éclairé d’une nouvelle façon. La réalité s’est transformée. Je suis hypersensible. Vraiment. Je vis avec un désir d’absolus. Je rêve de belles et grandes choses pour le monde et pour chacun d’entre nous. Ok j’accueille tout ça, mais je sais et j’accepte que ce n’est pas ce que ressentent les autres, ou même, auraient envie de ressentir.

Cette compréhension permet de me lâcher un peu la grappe sur le regard des autres. Le fait d’avoir une fabrication mentale différente, un perception de la réalité si différente… Je me dis que plus rien n’est comparable d’un individu à un autre. Je savais déjà que nous avions des façons de percevoir la vie qui pouvait être différente mais je ne m’imaginais pas ça, à ce point, en fait. Et c’est ok ! Mieux vaut tard que jamais ! J’ai 35 ans, ça le fait encore ! Le monde est moche et beau à la fois, je le savais bien sûr. Je suis loin d’être naïve en fait (je suis plutôt effondriste dans le genre, donc…), mais j’avais une certaine idéalisation de ce que les gens et l’état du monde sont.

Enfin…

Peut-être que tout ça vous paraît bien nébuleux. Pas claire du tout. Bien sûr, j’effleure seulement le sujet. Ce n’est pas facile mais j’essaie de mettre en mots tout ce qui se passe en moi. J’ai bien compris que je me situais plutôt du côté des personnes zèbres, haut potentiel, indigo, sur-efficiente,… Bref, le mot que vous préférerez ! Parce que mon côté hypersensible n’est pas là, à se la jouait en solo. Trop simple ! Il fait partie d’un ensemble qui constitue la construction de ma personnalité ! Enfin, je vais continuer de raconter tout ça, j’en ai vraiment envie. Je me dis que ça pourra servir peut-être à d’autres personnes comme moi. Comprendre que l’on est différent est une chose, mais découvrir comment le vivre et quoi en faire, en est une autre ! Sur ce, je vous dis :

A bientôt !
– Rhéa –

Un commentaire

Laisser un commentaire