Petit manifeste pour se rappeler qu’Ensemble On Est Bien

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On fonce dans le mur. Ca fait trop longtemps que je le sais, que j’en ai conscience. Les événements que nous traversons tous depuis tant d’années, ne cessent de nous mener sur des routes pavées de plus de certitudes et moins de libertés. Là où nous pensions être autonomes, nous nous sommes révélés interdépendants. Là où nous nous pensions libres, nous nous sommes révélés enchaînés. Toutes nos vulnérabilités nous ont explosées à la figure, non pas parce que nous sommes faibles, mais parce que nous avons choisi de penser et d’acter que notre existence, notre humanité était faible à la base. Pourtant, vous souvenez-vous qu’être ensemble nous apporte bien plus que tout le confort que nous faisons payer trop cher aux autres et à la Terre ?

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Nous nous sommes perdus en nous isolant. Désespérément. Dans ce sentiment que finalement par l’automatisation des tâches de notre vie, nous n’avons plus besoin des autres. Ainsi, nous avons fini par nous convaincre que nous n’avions pas besoin de qui que ce soit, voire même que « l’enfer c’est les autres » et que sans les autres je suis libre. Nous avons « réussi » à déshumaniser ce qui ne l’avait jamais été auparavant. Une entreprise nous apparaît comme un immeuble, une quotation au CAC40 et c’est tout. Nous avons même réussi à intégrer que certains endroits professionnels ne sont plus du tout investis par des humains mais de clichés. Le service public est fait de feignants, par exemple. Ces mêmes personnes que beaucoup ont applaudi à 20h et dont je fais parti depuis plus de 10 ans.

Ces manques de connaissances du réel nous vient notamment du manque de liens. Ainsi notre vie, ne nous semble plus liée à aucune autre. La nature nous a été transmise comme pouvant être potentiellement sale. A travers, les mauvaises herbes, la boue, les flaques,… Nous avons tout fait pour que tout ce qui constitue la nature, soit quantifié, contrôlé, délimité, et utilisé pour nous servir matériellement. La nature n’est plus assez intéressante tant par ce qu’elle est, que par ce à quoi elle pourrait nous servir. Quels usages je vais pouvoir tirer de cette terre, qui semble finalement n’appartenir qu’à nous, les humains ? Oui, parce que nous nous croyons en-haut. Nous nous pensons être cet aboutissement d’une chaîne d’évolution. Nous nous prenons pour le sommet d’une pyramide en prétendant que nous n’affectons ni les autres par nos comportements… et encore moins la nature.

  • Le Covid est venu nous montrer que nous pouvons bien fermer toutes les frontières, mais… Le vivant, lui, n’a pas de frontières. A l’image de notre fonctionnement et de nos déplacements qui n’ont plus de limites depuis des années déjà.

Nier

Nous croyons, ou du moins nous avons cru, que délocaliser l’industrie n’aurait pas d’impact. Ou si peu. Et puis, ça ne nous concernait pas personnellement, alors… Nous pensions que moins payer les personnes qui exercent des métiers de service du quotidien ne ferait de mal à personne. Et puis « c’est normal, non ?! Puisque c’est pareil pour tout le monde ?! » Nous avons laissé faire le non remplacement d’un départ d’une personne à la retraite sur deux. Et finalement épuisé la présence des autres à nos côtés, dans des métiers qui font du sens. Les métiers « essentiels » sont ceux qui donnent du « sens » à nos vies et qui en mettent dans la vie de celles et ceux qui nous entourent.

Nous avons prétendus que toutes ces politiques de dérégulation n’auraient pas d’impact dramatique sur les citoyens. Mais sur lesquels ? Nous avons aujourd’hui une pauvreté qui dépasse l’entendement. Pourquoi des personnes vivent dans la rue ? Pourquoi ? C’est le résultat d’un néo-libéralisme individualisant tellement les personnes que nous dépersonnalisons l’humain pour ce qu’il nous apparaît être : une étiquette, un rang social, une profession, une élément que l’on peut ranger dans un casier sans effort.

Le JE et le NOUS : le jeu qui a exclu le « nous »…

Peut-on encore faire les choses comme si de rien n’était ? Souhaite-t-on réellement un retour à « la normale » ou plutôt devrais-je écrire à « l’anormale ». Car qu’est-ce qu’un retour à une vie « normale » sinon une vie normée, qui ne permet pas aux êtres humains de vivre équitablement et librement. L’enseignement, l’éducation y seraient dispensés par et pour tous. Où la culture serait là pour nous accompagner à grandir, à se questionner, à entrevoir et accueillir d’autres propositions de lecture de la réalité. Et quelle place laissons-nous aux femmes, aux mères, aux grands-mères et plus largement à tous les anciens ? Alors que la question devrait plutôt se poser ainsi : quelle place offrons-nous à ces lignées de femmes jusqu’aux anciens, pour tout ce que leurs vies et connaissances pourraient permettre de faire évoluer ? Et inévitablement, quelle importance donnons-nous vraiment à ce que nous transmettons à nos enfants ?

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Le « je » a tout remplacé. Nos valeurs communes, nos espoirs communs, nos envies d’unité, nos désirs d’égalité et de joie partagée. Car il s’agit uniquement de cela : nous souhaitons être heureux, joyeux, sereins et par dessus tout « ensemble ». Nous n’avons pas tous la même façon d’aborder le « ensemble ». Et il nous est devenu pénible de l’imaginer pendant des années durant. Jusqu’à ce qu’on se retrouve aujourd’hui, amputés de nos liens aux autres et de la liberté qui s’y rattache.

Et l’ensemble…

Pendant des années, « l’ensemble » a correspondu à des obligations, s’est réduit à des devoirs, des choses que l’on doit, qui se paye, se monnaie. Quelque chose qui représente une charge, de plus en plus lourde que nous encaissons jour après jour. « Ensemble » nous a été présenté comme l’inévitable et féroce compétition qu’il nous fallait affronter pour avoir une place. Que dis-je, pour gagner sa place ! Un peu comme on gagne sa vie, d’ailleurs. Sur le marché du travail comme sur un jour de marché de type « black friday » où la frénésie de l’achat fait régner le « un contre tous » ou « la loi du plus fort ». Celui qui aura fait le meilleur « deal » sans aucun compromis, sans avoir peur d’en venir aux mains, sans se questionner de qui est en face de moi. Et encore moins, de se demander pourquoi tout ce qui est là est si peu cher ?

Se divertir pour se détourner de l’impact

Il y a les impacts que nous faisons et il y a ce qui nous impacte. Nous vivons un peu comme si tout ces choix fais individuellement ne l’était pas collectivement. Pourtant toute notre pensée est orientée pour n’aller vers qu’une seule version de la réalité possible. C’est comme si tout les actes engendrés par cette pensée dominante de consommation à l’extrême (consommation matériel et humaine) n’avait aucune répercussion sur notre lendemain. Pourquoi ? Parce que ces répercussions ne se voient pas, que ça nous paraît loin et que notre attention est sans cesse divertie. Nous détournons le regard, consciemment comme inconsciemment. Le « divertissement ». « Divertir » qui signifie « détourner quelqu’un de quelque chose« . Ou encore : « se détourner, se séparer de, être différent« . Mais de quoi sommes-nous détournés sans cesse ?

Du fait que nos vies n’ont plus vraiment de sens ? Que seul compte la valeur marchande de notre travail ? Que seule notre situation compte et que la seule idée de faire quelque chose pour les autres est devenue encombrante, accaparante, chiante, sans intérêt ? Depuis quand avons-nous oublié que le but dans la vie n’est pas que de travailler ? A quel moment s’est-on fait embrigadé le cerveau ? A tel point que notre esprit critique ne ressemble plus à grand chose et que le bon sens se soit envolé loin, très loin… Ainsi, nous avons oublié le sens du mot « vivre ». Et si finalement, c’était de notre mort dont il s’agissait ? Ce que l’on cherche à nous faire fuir et oublier. Et s’il était plus facile de croire qu’en vivant frénétiquement et intensément, nous pourrions passer à côté de notre mort ?

Du courage pour avancer ensemble

Quand j’avais 20 ans, je baignais dans une utopie que le monde connaîtrait un jour, un changement doux, qui prendrait son temps. Mais qui viendrait quand même pour améliorer nos liens, pour nous permettre de nous retrouver. Pour enfin, se souvenir que nous sommes ici pour vivre des liens et partager de l’amour. Aujourd’hui je sais que ces changements sont en route et que nous y allons dans la douleur. Tout l’indique. Du changement climatique au Covid, je ne crois pas avoir besoin de développer. J’imagine « demain » comme une succession de crises diverses qui vont s’intensifier et s’enchaîner à vitesse grand V. Et en parallèle de ça, je crois que des petits îlots d’humanité construirons d’autres modèles. L’humanité pourra de nouveau écrire une histoire différente et se réchauffer autour du feu en se racontant toutes ces conneries qu’on a vécu.

Entre temps: courage, vivons !
Rhéa

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